Notre patrimoine fruitier est le résultat d’initiatives, d’expériences et de résilience.
L’histoire de l’arboriculture fruitière québécoise est fascinante à plusieurs égards. Elle est née avec la Nouvelle-France et s’est développée avec le territoire.
Les premiers colons ont importé, sous diverses formes, des arbres fruitiers domestiqués : pommiers, cerisiers, pruniers et poiriers.
Les communautés religieuses et les commerçants ont établi les premiers grands vergers. Des individus et des institutions ont joué des rôles clés à leur époque pour créer de nouvelles variétés de fruits, dont certaines existent encore aujourd’hui.
Notre patrimoine fruitier, ce sont aussi nos traditions saisonnières et culinaires, des gens de cœur, des lieux et des savoir-faire.
Tant à voir, à vivre et à protéger pour le patrimoine de demain.
En salle, du 16 novembre 2024 jusqu'en avril 2027S’établir en Nouvelle-France signifiait subvenir à ses besoins de base avec les ressources disponibles sur place et sous un climat totalement inconnu.
Des petits arbres fruitiers, des rameaux, des pépins et des noyaux sont parmi les biens que des colons ont apportés. Ils réussissent à cultiver quelques espèces de pommiers, de pruniers, de cerisiers et de poiriers résistantes aux conditions du nouveau territoire.
Les communautés religieuses pratiquent à plus grande échelle l’arboriculture fruitière et l’agriculture. Au-delà de l’alimentation, les objectifs sont curatifs, pédagogiques et même religieux. Après 1701, les vergers deviennent l’apanage de l’élite coloniale. Les deux tiers des vergers établis appartiennent à cette classe sociale.
De 1830 à 1870, la production agricole et fruitière de la Côte-du-Sud, de Beaumont à Notre-Dame-du-Portage, la situe en importance au second rang après la plaine de Montréal. Des Sudcôtois expérimentent et innovent. Ils diffusent leurs savoirs et leurs découvertes au sein de maisons d’enseignement et d’organismes spécialisés.
Jusqu’aux années 1970, les fermes familiales étaient pour la plupart autosuffisantes. Les membres de la famille, toutes générations confondues, participaient à la cueillette. Ce travail rassemblait aussi la communauté rurale. Voisins et amis se réunissaient en corvée. Des journaliers étaient embauchés au besoin.
Les familles moins nombreuses et l’exode rural ont eu raison, en partie, de la main-d’œuvre locale. Le Programme des travailleurs agricoles saisonniers a donc été créé en 1966 par le gourvernement canadien.
Aujourd’hui, la cueillette est devenue pour plusieurs un métier. Pour des gens en bonne forme physique, elle est une occasion d’aventures et de voyages selon les saisons de récolte à travers le Canada et dans d’autres pays.
Les vergers commerciaux ont ouvert leurs portes au public au début des années 1970. Devant un manque de main-d’œuvre, des pomiculteurs de la région de Montréal ont initié ce qui est vite devenu une tradition saisonnière, souvent familiale : l’autocueillette.
Les producteurs et les consommateurs apprécient, notamment, l’aspect financier de l’autocueillette. Les uns évitent divers frais de main-d’œuvre et les autres bénéficient d’un prix réduit de près de la moitié.
La qualité des fruits et leur grande variété contribuent à la popularité de l’autocueillette. Le caractère social, les rencontres avec les producteurs et le concept d’achat local sont également des incitatifs pour se rendre au verger et vivre une expérience mémorable.
Les produits du terroir répondent à la recherche de qualité et à la proximité avec les producteurs, la nature et les traditions culinaires d’une région. Les consommateurs retrouvent dans l'offre des saveurs qui leur rappellent les recettes familiales.
Les habitudes de consommation et le désir de connaître la provenance de ce que l’on mange jumelés au goût du terroir ont apporté aux vergers un souffle nouveau : la création d'un vaste choix de produits dérivés. Ceux-ci sont, pour plusieurs, inspirés par des recettes traditionnelles.
En cuisine, des fruits que l’on a cueillis soi-même ajoutent un plus à notre recette. Avec des plus jeunes, c’est aussi un moment privilégié pour leur transmettre des secrets culinaires qui ont traversé plusieurs générations.
La plantation d’arbres, le drainage et l’irrigation, la prévention, le dépistage et la lutte contre les maladies et finalement la cueillette sont une partie des travaux requis pour qu’un verger soit en bonne santé et productif.
Des événements incontrôlables ajoutent au défi de l’entretien d’un verger, dont les aléas de la météo de plus en plus marqués par les changements climatiques. Un gestionnaire de verger doit être polyvalent en plus de détenir de bonnes connaissances techniques, avoir le sens de l’organisation et de la planification.
L’avenir des variétés anciennes d’arbres fruitiers paraît prometteur au Québec. Des particuliers, des organismes et des pépiniéristes travaillent activement à préserver et à promouvoir des variétés de pommes, de poires, de prunes et de cerises, dont certaines sont présentes dans la vallée du Saint-Laurent depuis 400 ans.
Des passionnés cherchent dans les campagnes des cultivars d'autrefois. Ils font des greffes pour sauvegarder leurs découvertes d’une disparition certaine. En 2024, trois vergers conservatoires sont implantés dans autant de régions du Québec.
Des propriétaires de vergers cultivent de vieilles variétés pour la consommation et pour produire des cidres et des liqueurs. Chaque initiative enracine dans le présent et pour le futur la richesse de l'arboriculture fruitière du passé.
Nous remercions vivement celles et ceux qui ont contribué à la concrétisation de cette exposition. Plus particulièrement les personnes qui ont témoigné de leurs savoirs et de leurs savoir-faire. Merci aux institutions et aux particuliers qui ont prêté des objets, des photos et des documents.
Témoins | Fonctions/rôles |
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Beaulieu Morin, Lorraine | Fermière et mère à la maison |
Beauregard, Emmanuel | Ouvrier agricole et horticulteur |
Bernier, Wilfrid | Clerc de Saint-Viateur |
Bordeleau, Jonathan | Pépiniériste |
Caron, Francine | Professeure en production acéricole, coordinatrice du verger Notre-Dame des Champs et pomicultrice |
Caron, Jean-François | Propriétaire de verger et aubergiste |
Fortier, Patrice | Semencier et propriétaire-fondateur de La Société des plantes |
Gagné, Jean-François | Ouvrier agricole et élagueur |
Garon, Annette | Fille d’agriculteur |
Girard, Mélanie | Professeure à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) |
Guimont, Pierre Gabriel | Pomiculteur et propriétaire du verger de l’Hirondelle |
Laberge Reid, Thérèse | Fille d’agriculteur |
Labonté, Gilbert | Enseignant |
Langlais, Guy | Arboriculteur et professeur retraité de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) |
Martin, Paul-Louis | Historien, professeur retraité et propriétaire-fondateur de la Maison de la prune |
Patenaude, François | Coordonnateur de la Maison des forestibles de l'Abbaye Val Notre-Dame |
Pelletier, Céline | Institutrice et agricultrice |
Richard, Julien | Cueilleur et travailleur horticole |
Ritt, Jean-François | Cidriculteur et propriétaire du Domaine Ritt |
Équipe de réalisation
Membres du personnel et bénévoles | Fonctions/rôles |
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Olivier Désalliers et Stéphanie D.-Bédard | Recherche, muséographie, rédaction, production audiovisuelle, traitement des données |
Olivier Désalliers, Judith Douville et Stéphanie D.-Bédard | Graphisme |
Jean-Louis-Chouinard | Programmation informatique |
Judith Douville, Gilles Ouellet et Claire Rousseau | Révision |
Bianka Roy | Direction |