C’est le tournant des années 1960 et 1970, une période de grands changements socioculturels. Un phénomène prend de l’ampleur au Québec : celui des boîtes à chansons. Ces petites salles au décor typique aménagées dans des lieux parfois improbables et aux noms originaux.

Un ou une invité(e) chante en s’accompagnant souvent à la guitare. Les textes des chansons sont identitaires et engagés. Ils interpellent l’auditoire qui s’y reconnaît.

Des témoignages d’auteurs-compositeurs-interprètes, de propriétaires et de spectateurs des boîtes à chansons rappellent l’ambiance de ces points de rendez-vous d’une jeunesse d'hier en quête de liberté.

Les débuts,

Les premières boîtes à chansons, Chez Bozo à Montréal et La Butte à Mathieu à Val-David, ouvrent en 1959. Le succès de ce concept entraîne la création de centaines de boîtes à chansons qui voient le jour un peu partout au Québec et au Nouveau-Brunswick jusqu’au début des années 1970. Les noms imaginés par les propriétaires surprennent : Le Cro-Magnon, La Piouke, Le Tombeau ou la Roche à Veillon.

Le prix d’entrée minime contribue à la vague de popularité que connaissent ces lieux où se rencontrent beaucoup d’étudiants et de jeunes adultes. Le personnel est aussi très jeune et souvent bénévole.

Allons à la boîte à chansons

Au cours des années 1960, les boîtes à chansons connaissent leur âge d’or.

Plusieurs jeunes auteurs-compositeurs-interprètes québécois font leurs débuts dans le monde du spectacle en passant d’abord par ces petites salles. Pensons, entre autres, à Claude Gauthier, Robert Charlebois, Pierre Calvé et des femmes, dont Renée Claude, Pauline Julien et Monique Leyrac. Entre revendications et poésie, leurs chansons charment l’auditoire.

Les artistes parcourent des milliers de kilomètres l’été pour présenter leur spectacle dans villes et villages, généralement le vendredi soir et la fin de semaine. Il n’est pas rare que les chansonniers fassent deux représentations par soirée.

À certaines boîtes à chansons du jazz, du cinéma et du théâtre sont aussi présentés.

La fin d’une époque

La vague des boîtes à chansons est aussi grande qu’éphémère. Après une dizaine d’années de popularité, l'engouement s'estompe.

Les spectateurs se tournent vers des salles qui offrent une meilleure acoustique, plus confortables et des spectacles plus élaborés. Les jeunes premiers, qu’ils soient artistes, impresarios ou propriétaires ont pris de l’expérience et plusieurs sont maintenant des professionnels reconnus. Le budget et la taille des boîtes à chansons ne peuvent rivaliser avec les grandes salles aux équipements modernes et offrir des cachets attirants.

Quelques propriétaires irréductibles conserveront leur lieu de diffusion en l’adaptant pour garder bien vivant ce phénomène culturel.

Mémoires des boîtes à chansons

En dépit de leur courte vie, les boîtes à chansons ont marqué les esprits. Elles ont créé les fondements de l’industrie musicale québécoise. Ces lieux ont été des acteurs dans l’essor de la culture francophone au Québec et le développement d'un sentiment identitaire. Jusqu’à aujourd’hui, encore, quelques espaces et des artistes recréent l’ambiance des boîtes à chansons des années 1960-1970.

Les personnes qui ont fréquenté ces lieux mythiques et leur atmosphère en gardent des souvenirs qui font l’envie de ceux qui n’étaient pas nés à cette époque charnière.

Les personnes qui ont fréquenté ces lieux mythiques et leur atmosphère en gardent des souvenirs qui font l’envie de ceux qui n’étaient pas nés à cette époque charnière. L’exposition présente de nombreux témoignages et artefacts de ce phénomène qui n’a rien perdu de son aura.