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PRÉVENTION ET SOLUTIONS ÉCOLOGIQUES

Calepin horticole # 4

Il est toujours plus facile d’empêcher une situation problématique que de devoir la résoudre dans l’urgence. Lors de la planification de votre jardin floral ou de votre potager, mettez toutes les chances de votre côté pour éviter les infestations d’insectes et d’herbes indésirables.

La rotation des cultures

Au potager, la rotation des cultures aide à diminuer le nombre d’insectes et à éviter plusieurs maladies. Il s’agit de faire se succéder sur un même espace de terrain des cultures de plantes de familles différentes.

Les cultures associées ou le compagnonnage

Les cultures associées — appelées aussi compagnonnage — consistent à placer près les unes des autres des plantes qui se rendent service physiquement ou attirent des insectes bénéfiques ou éloignent les parasites.

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Les haricots poussent en s’accrochant aux plants de maïs. Les courges bénéficient de tout l’espace requis au sol. Photo Wikipédia

L’association de plantes dans un but de favoriser leur croissance est une pratique très ancienne. Les Amérindiens cultivaient les « trois sœurs » ensemble : maïs, courges et haricots grimpants. Ce regroupement favorise le maïs et les courges qui requièrent l’azote que les haricots libèrent dans le sol.

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Forme caractéristique d'une ombelle, fleurs d'aneth, photo PxHere


Les associations intéressantes au potager sont celles des herbes aromatiques ombellifères (persil, aneth, fenouil, etc.) aux légumes. Les ombellifères ont une floraison composée de plusieurs petites fleurs qui forment une coupole. Ces fleurs attirent des insectes bénéfiques qui se nourrissent de parasites comme les pucerons, les aleurodes, les cochenilles.


Des fleurs très aromatiques dont l’œillet d’Inde (Tagetes patula) ont la réputation de repousser les insectes nuisibles. Que l’on croie ou non au compagnonnage, les fleurs et herbes aromatiques conservent le mérite d’attirer les insectes pollinisateurs bénéfiques à tout potager.

Un mariage fréquent, même lors de la culture en pot, tomate, basilic et œillet d’Inde.

Le semencier Dominion a publié une liste de plantes amies et ennemies des légumes et des fines herbes.

Le Guide pratique des trucs et conseils en horticulture écologique d’Équiterre recèle de nombreux conseils pratiques.

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Tagètes, tomate et basilic, photo magazine Ma Maison

Les contrôles physiques sont également efficaces e certains indésirables. Les couvertures flottantes contre les insectes qui s’attaquent aux légumes crucifères (chou, brocoli, choux de Bruxelles, etc.) et les paillis contre les mauvaises herbes.

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Couverture flottante dans un potager, photo Lee Valley

Les pièges à base de phéromones et les pièges collants font un très bon travail dans les vergers.

À titre préventif, il existe plusieurs solutions biologiques à préparer chez soi pour pulvériser sur les légumes, les fruits, les herbes aromatiques et les plantes ornementales. Des recettes sont données ci-après.

Quand l’ennemi est là

En petit nombre

Quelques insectes nuisibles et quelques mauvaises herbes annuelles peuvent être combattus à mains nues ! Arrachez les herbes indésirables et capturez les quelques insectes que vous éliminerez. Agissez toujours avec bon sens, en faisant preuve d’une certaine tolérance.

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Oeufs, larves et criocères adultes se ramassent très bien manuellement quand ils ne sont que quelques dizaines.

En abondance

Lorsque vous perdez le contrôle, il faut traiter. C’est possible à partir de produits trouvés dans votre cuisine ou prélevés directement dans la nature. Bien que naturel, les produits que vous appliquerez doivent l’être avec réserve et non sans précaution pour vous et les vôtres.

Fabriquer des purins et des décoctions

La décoction consiste à faire infuser une plante dans l’eau bouillante pendant un court moment. La décoction est surtout utilisée comme insecticide et répulsif. Le purin est le résultat de la fermentation d’une grosse quantité de matériel dans l’eau pendant 10 à 14 jours. Il a des propriétés insectifuges et fertilisantes.

Si vous séchez des plantes pour un usage ultérieur, vous devez en utiliser 10 fois moins que si la matière est fraîche. Par exemple, 500 g de feuilles fraîches seront remplacés par 50 g de feuilles séchées.

Les préparations liquides doivent être conservées dans des contenants hermétiques, au frais et à l’abri de la lumière.

Les purins et décoctions n’ont pas un effet instantanément. Contre les insectes nuisibles, il est recommandé de faire trois pulvérisations à quelques jours d’intervalle. Les préparations pour fertiliser doivent être appliquées aux 10 jours environ.

Lorsque les purins ou les décoctions sont vaporisés sur le feuillage, ajoutez 2 ml de savon à vaisselle par litre de mélange. L’adhérence du produit sur le feuillage sera augmentée.

Le purin

Les principales plantes utiles à la fabrication des purins sont la fougère (plusieurs variétés), le noyer, l’ortie, la prèle et le sureau.

Quantités conseillées : 1 kg de feuilles et de tiges fraîches pour 10 litres d’eau

Portez des gants et coupez les tiges sans graines. Hachez grossièrement ces tiges et les feuilles. Déposez-les dans un contenant et recouvrez-les complètement d’eau.

UN TRUC : Pour éviter d’avoir à filtrer le purin à la fin du processus, déposez les plantes hachées dans un sac en toile ou un vieux bas de nylon ou collant. Mettez une roche dans le sac pour l’empêcher de flotter.

Laissez reposer pendant deux semaines (15 jours au maximum) et remuez deux fois par jour pour activer la fermentation. Une odeur désagréable se dégagera, mais elle s’estompera avec le temps. Filtrez dans un coton si vous n’avez pas déposé les plantes dans un sac en toile.

Le purin se conserve jusqu’à six semaines au frais et à l’abri de la lumière. Cependant, il perd assez vite ses propriétés répulsives contre les insectes, mais il garde ses qualités fertilisantes.

Diluez toujours vos purins : à 25 % si vous comptez faire un traitement localisé contre des maladies et à 10 % pour fertiliser.

Les purins de rue (feuilles), de tomates (feuilles et gourmands) et d’ortie (tige et feuilles) ont des propriétés insecticides contre les pucerons.

La décoction

L’absinthe, le bulbe d’ail, la fougère, la prèle, la rue, la tanaisie et les feuilles de rhubarbe s’utilisent individuellement en décoction.

Le tableau reproduit ci-dessous et tiré du magazine Terre vivante, écologie pratique donne un bel éventail de recettes de purins et décoctions tant contre les insectes, que les maladies de diverses natures qui s’attaquent aux végétaux des potagers et des jardins floraux. De plus, ils agissent comme des « vaccins végétaux », en rendant les plantes plus résistantes aux agressions : c’est ce qu’on appelle l’effet « éliciteur ».

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Si vous n’avez pas l’intention de préparer vos purins et décoctions, l’huile de Neem est excellente. C’est un insecticide et herbicide biologique disponible sur le marché.

Les mauvaises herbes

Un bon guide d’identification des mauvaises herbes peut vous être fort utile. Pour faire une lutte intelligente aux envahisseurs, il faut connaître certains détails qui détermineront la ou les méthodes à employer. Le Guide d’identification des mauvaises herbes du Québec, édité par le Conseil des productions végétales du Québec inc. est un excellent outil disponible chez les libraires.

Il est utile de distinguer les mauvaises herbes annuelles des vivaces et de connaître leur type de racines.

Les mauvaises herbes annuelles

Elles se contrôlent facilement puisqu’elles ne se reproduisent pas à partir de leurs racines. Il suffit de les arracher avant qu’elles produisent leurs graines. Si elles ont le temps de décimer leurs graines, un bon paillis les empêchera de germer l’an prochain puisqu’elles seront privées de lumière.

ATTENTION si vous sarclez et ramenez la terre par-dessus le paillis, les graines d’annuelles germeront et certaines même après plusieurs années.

Les mauvaises herbes vivaces

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La bardane, le pissenlit, les marguerites des champs, sont quelques-unes qui font partie de ce groupe. Elles ne repousseront pas si vous enlevez toute leur souche. Remplissez de paillis le trou laissé par les racines ou le pivot. Si vous brisez seulement leur couronne, elles repousseront. Il faut aussi les enlever avant qu’elles se ressèment.

Les mauvaises herbes vivaces à rhizomes

Ce sont les pires. Leurs racines courent à l’horizontale dans le sol. Le plus petit bout de racine a la capacité de former une nouvelle plante. Biner ou passer un motoculteur dans de telles herbes les multipliera. Du papier journal déposé sur le sol avant de mettre du paillis les privera de lumière et aura raison d’elles.

Parmi les herbicides maison, il faut les appliquer deux fois à quelques jours d’intervalle pour gagner la lutte.

Ingrédients

• 4 litres de vinaigre blanc

• 500 g de sel d’Epsom

• 60 ml de liquide vaisselle

Pour protéger les plantes que vous ne voulez pas atteindre, protégez-les par un carton épais.

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La petite oseille, photo IRIS phytoprotection

Il existe de nombreuses recettes maison pour divers usages au potager, au jardin et pour les plantes d’intérieur. Des recherches sur le Web vous donneront encore plus d’informations.

Prochain article : Semer et planter à l’extérieur

Rédaction : Judith Douville, 2 mai 2020

Pour information contactez le 418-358-0518 ou

Publié le 6 mai 2020